Une personne que j'ai accompagnée m'a donné comme direction son stress constant et dans les parts d'elle qu'on a rencontré dans cette séance, une part s'est présentée et j'ai tout de suite reconnu les fréquences de l'abus sexuel.
J'ai demandĂ© Ă la personne si elle avait vĂ©cu des violences physiques et elle m'a rĂ©pondu đ
ââïž "non, non, rien de ce style, mais depuis que tu m'as posĂ© la question, j'ai la gorge hyper serrĂ©e donc il doit y avoir quelque chose effectivement".
Je lui ai indiqué que je percevais quelque chose de l'ordre de l'abus sexuel.
Elle a rĂ©flĂ©chit un instant et m'a dit que non, elle n'a jamais vĂ©cu d'abus sexuel, y'a vraiment rien, mais quelque chose lui vient en tĂȘte.
Elle précise, ce n'était pas un abus sexuel.. mais y'a que ça qui lui vient, donc elle me raconte.
đŹ Lors d'une soirĂ©e, quelqu'un lui a mis quelque chose dans son verre, du GHB au vu des effets. Elle est restĂ©e entiĂšrement consciente de tout donc elle n'a pas eu le cĂŽtĂ© amnĂ©siant de la drogue mais bien le cĂŽtĂ© sĂ©datif et "perte de conscience" dans le sens oĂč elle n'Ă©tait plus maĂźtre d'elle-mĂȘme. Cette drogue induit un Ă©tat de soumission totale, on est ouvert Ă toute suggestion et on n'a plus aucun contrĂŽle.
Elle est rentrée accompagnée d'un homme, charmant me disait-elle, et elle a eu un rapport sexuel avec lui.
Elle m'a rĂ©pĂ©tĂ© qu'effectivement elle n'Ă©tait pas maĂźtre d'elle-mĂȘme donc elle aurait fait n'importe quoi mais elle Ă©tait bien consciente de tout ce qu'il se passait ⥠ce n'Ă©tait pas un viol.
C'est bien cette part-là qui était en présence :
đââïž La perte de la maĂźtrise dâelle-mĂȘme et le rapport sexuel dans cet Ă©tat de vulnĂ©rabilitĂ© total a crĂ©Ă© une panique en elle (mĂȘme si elle ne le ressentait pas car elle Ă©tait complĂštement anesthĂ©siĂ©e par les effets de la drogue).
Cette part s'est fragmentée et elle ne voulait pas revenir dans son corps car elle avait le sentiment qu'il avait été sali, souillé. Elle renvoyait son état de panique en fond à la personne.
đž J'ai accompagnĂ©e cette part Ă lĂącher ses mĂ©moires de perte de conscience, de ne plus ĂȘtre maĂźtre de son corps, de sensation d'abus sexuel, la peur et le stress de cette expĂ©rience, et Ă revenir tranquillement dans son corps, Ă son rythme.
On vit parfois des expériences qui sont violentes et ne pas conscientiser ce que l'on a vécu, c'est se protéger.
J'ai Ă©crit un post : minimiser pour se sauver
Et cette expérience en est un parfait exemple.
Ici, il n'y avait pas de consentement et une totale incapacité à agir.
Chacun pourra juger, abus sexuel ou pas abus sexuel.
Dans des dĂ©bats pour juger l'acte en lui-mĂȘme on peut retrouver les tentatives de fuite et de refus de la rĂ©alitĂ© qui permettent de se protĂ©ger de ce que l'on jugerait trop violent Ă vivre, qu'on le vive soi-mĂȘme ou qu'on en soit tĂ©moin. Par exemple en lisant ce post, on peut se dire, il Ă©tait charmant cet homme apparemment, et il ne savait peut-ĂȘtre pas qu'elle Ă©tait droguĂ©e.
Oui, peut-ĂȘtre, mais ce n'est pas parce qu'il n'y a pas intention dâabuser, qu'il n'y a pas abus.
Le consentement est un sujet trÚs délicat. Dans ce cas-là , il n'y a pas de doute, elle était droguée, incapable de s'opposer. Mais combien de personnes se trouvent dans une incapacité psychologique à s'opposer ?
Tant qu'on a pas fait l'expérience de l'état de choc, qui nous fige, qui bloque notre capacité à former une pensée et donc à réagir, on ne peut pas comprendre.
â Un premier abus ancre une incapacitĂ© Ă agir : on intĂšgre au fond de nous quâon ne peut pas dire non et les fois dâaprĂšs, l'Ă©tat de choc s'active, on se laisse faire et on vit un nouvel abus.
Parfois un homme ne viole pas une femme, mais cette femme a vécu un viol.
J'ai bifurqué sur ce sujet que je trouve trÚs important, mais le message de ce post c'est simplement de dire, il y a :
⥠des dénis qu'on ne soupçonne pas
âĄÂ des violences que l'on a vĂ©cu que l'on ne juge pas ĂȘtre des violences
On peut en trouver dans lâenfance et dans tous les domaines de la vie.
Quand on voit que quelqu'un est malmené et qu'on se dit "oh ça va, il en est pas mort" c'est souvent un signe de cette mécanique de "minimiser pour se sauver" qu'on projette sur l'autre car elle est installée en nous.
đ Et quand il y a dĂ©ni, il y a aussi dĂ©ni d'ĂȘtre dans le dĂ©ni.